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Dans le Midi de la France, les cromlechs – ces cercles de pierres dressées – sont le plus souvent associés à des enceintes funéraires entourant des dolmens ou des tumuli. Ceux de la Can de Ceyrac, situés au nord du hameau du même nom, dérogent à cette règle : deux vastes cercles de près de 95 et 98 mètres de diamètre, sans aucune trace de sépulture. Une exception notable dans le paysage mégalithique régional.
La Can de Ceyrac est une vaste lande calcaire, nue, où affleurent dolmens, menhirs et tumuli. C’est là, en bordure de garrigue, que se trouvent les deux cromlechs.
Le premier, à l’ouest de Ceyrac le long de la route reliant Conqueyrac à Sauve, a été fortement dégradé par l’ouverture d’un chemin et des travaux agricoles. On y observe encore plusieurs dalles dressées, certaines atteignant un mètre de hauteur, ainsi que trois ouvertures, probablement des « portes ».
Le second, mieux conservé, se trouve deux kilomètres plus au sud, dans le Devois de Tourre (commune de Pompignan). Il est lui aussi traversé par une route, mais son enceinte demeure lisible. Les trois ouvertures y sont clairement marquées.
Cette triple ouverture interpelle. Dans les villes étrusques comme dans les camps romains, trois portes donnaient accès à la cité ou à l’enceinte sacrée, chacune associée à une divinité. Le quatrième côté restait fermé. Une disposition qui se retrouve ici, suggérant une organisation rituelle ou civique.
Au centre du cromlech du Devois de Tourre, deux grandes dalles parallèles évoquent la base d’un dolmen. Mais aucune trace funéraire n’a été retrouvée, ni là, ni ailleurs dans l’enceinte. L’absence d’éléments funéraires, conjuguée à la monumentalité de l’ensemble, oriente vers une fonction autre.
Des comparaisons scandinaves s’avèrent éclairantes : on y trouve de vastes cercles de pierres servant de lieux d’assemblée, où les juges siégeaient au centre, entourés du peuple. En Suède, un site de taille équivalente à ceux de Ceyrac accueillait des cérémonies judiciaires. Ces enceintes symbolisent le passage d’une autorité clanique à une organisation collective du pouvoir.
Les Volques, peuple gaulois implanté dans la région dès le Ve siècle av. J.-C., pratiquaient eux aussi ce type de rassemblement appelé conventus, qu’ils conservèrent même après leur intégration à l’Empire romain. Il est donc plausible que les cromlechs de la Can de Ceyrac aient servi à de telles assemblées.
Une tradition orale rapportée à Saint-Mayeux (Côtes-du-Nord) évoque un site comparable : des menhirs y cernaient un rocher sur lequel une femme rendait justice. Une grotte, censée passer sous la colline, renforce le caractère sacré du lieu.
Cette mention fait écho à la redécouverte récente d’un tunnel sous l’oppidum de Ceyrac – passage aujourd’hui obstrué, probablement lié au contrôle de l’eau. Il témoigne de la complexité souterraine de ces lieux de pouvoir et de mémoire.
En somme, les cromlechs de Ceyrac, par leur échelle, leur disposition et l’absence de fonction funéraire, apparaissent comme des espaces civiques, sacrés et symboliques, témoignant d’un moment d’émergence de la parole collective dans l’espace public.
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Glossaire des principaux termes archéologiques
(Classement par datation approximative)
• Période : Néolithique ancien à âge du Bronze (env. 5000 à 1500 av. J.-C.)
• Définition : Pierre dressée isolée, parfois alignée avec d’autres. On l’interprète comme borne territoriale, marqueur astronomique ou monument cultuel.
• Période : Néolithique moyen à final (env. 4500 à 2500 av. J.-C.)
• Définition : Structure funéraire constituée d'une chambre en pierre, recouverte ou non d’un tumulus. Servait à des sépultures collectives ou individuelles.
• Période : Néolithique final à âge du Fer (env. 3000 à 600 av. J.-C.)
• Définition : Monticule artificiel de terre ou de pierres recouvrant une sépulture. Il peut contenir un dolmen, une fosse ou une urne funéraire.
• Période : Principalement entre 3500 et 1500 av. J.-C., parfois jusqu’au Bronze moyen
• Définition : Cercle (ou ellipse) de pierres dressées, parfois associés à des rites funéraires, à des observations astronomiques ou à des assemblées.
• Période : Âge du Fer, surtout entre IIe et Ier siècles av. J.-C.
• Définition : Site fortifié d’origine protohistorique, en général sur une hauteur. Il témoigne d’un mode d’organisation politique, militaire et commercial plus complexe. Caractéristique des sociétés celtiques juste avant la romanisation.

