Sur les hauteurs de Pompignan, au bout d’un éperon rocheux bordé de vieux murs gaulois, se tiennent encore, tant bien que mal, les vestiges de la chapelle Saint-Jean. Un édifice roman du XIIe siècle, de taille modeste mais d’une qualité de construction rare : pierres taillées avec soin, abside en cul-de-four, voûte en berceau, corniche sculptée… Tout y respire l’élégance sobre de l’art roman.
Et pourtant, qui la connaît ?
Ni mention dans les grands inventaires patrimoniaux. À peine quelques lignes chez l’abbé Goiffon. Et un article de Thierry Ribaldone, publié en mars 2017 dans les Cahiers du Haut-Vidourle, qui rappelle que cette chapelle était encore citée au XVIIIe siècle, puis semble avoir été réoccupée un temps — peut-être en bergerie — avant d’être totalement livrée à l’oubli.
Aujourd’hui, elle tient debout par miracle. Les murs s’écartent, les pierres de l’abside menacent de tomber, la toiture et la voûte ont disparu… Et personne ne bouge.
Alors on s’interroge :
Ces publications érudites, souvent précieuses, parfois austères, sont-elles lues par ceux qui pourraient agir ? Les élus, les habitants, les décideurs ? Rien n’est moins sûr.
Si je reprends ici cette histoire sous une forme plus directe, c’est pour la sortir du cercle des seuls passionnés. Car derrière les ruines, il y a un choix de société : laisser mourir un patrimoine discret mais exceptionnel, ou lui redonner vie. Et ce choix, il appartient à chacun.
???? Source :
Cahiers du Haut-Vidourle n° 25 (Mars 2017)